Chapitre 5 : ODD 2 – Faim Zéro

Chapitre 5 : ODD 2 – Faim Zéro

Bienvenue au chapitre dédié à l’Objectif de Développement Durable numéro 2 : Faim Zéro. Après avoir abordé l’éradication de la pauvreté, nous nous penchons maintenant sur un défi tout aussi fondamental : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable. Ce chapitre explorera les enjeux mondiaux liés à l’alimentation, les différentes formes de malnutrition, les pistes d’innovation pour des systèmes alimentaires durables et des exemples concrets d’actions positives.

1. Sécurité alimentaire et agriculture durable : enjeux mondiaux.

La sécurité alimentaire est un concept clé pour comprendre l’ODD 2. Elle est définie par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme existant lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une alimentation suffisante, saine et nutritive qui satisfait leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie active et saine.

La sécurité alimentaire repose sur quatre piliers principaux :

• Disponibilité : Suffisamment de nourriture disponible en quantité adéquate, produite sur place ou importée.
• Accès : Possibilité pour chacun d’accéder physiquement et économiquement à la nourriture disponible.
• Utilisation : Consommation d’une nourriture saine et nutritive, utilisation appropriée de la nourriture et de l’eau, hygiène et assainissement adéquats pour tirer le meilleur parti de l’alimentation.
• Stabilité : Sécurité alimentaire dans le temps, sans rupture d’accès à la nourriture due à des crises (économiques, climatiques, conflits…).

Les enjeux mondiaux liés à la sécurité alimentaire sont considérables :

• La faim dans le monde : Malgré des progrès, la faim continue de toucher des centaines de millions de personnes. En 2022, la FAO estime que 735 millions de personnes souffraient de la faim dans le monde, un chiffre alarmant, particulièrement en Afrique et en Asie. Ce chiffre a été exacerbé par les conflits, le changement climatique et les conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19.
• Croissance démographique : La population mondiale continue de croître et devrait atteindre près de 10 milliards d’habitants en 2050. Il faudra produire beaucoup plus de nourriture pour nourrir tout le monde, dans un contexte de ressources limitées.
• Changement climatique : Le changement climatique menace directement la production agricole. Les événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes), l’augmentation des températures et les modifications des régimes pluviométriques ont un impact négatif sur les rendements agricoles, la disponibilité de l’eau et la santé des sols.
• Dégradation des terres et perte de biodiversité : L’agriculture intensive et non durable contribue à la dégradation des sols, à la perte de biodiversité, à la déforestation et à la pollution de l’eau. Ces dégradations menacent la capacité à produire de la nourriture à long terme.
• Volatilité des prix alimentaires : Les prix des denrées alimentaires peuvent être très volatils, en particulier sur les marchés internationaux. Ces fluctuations de prix peuvent rendre l’accès à la nourriture plus difficile pour les populations les plus pauvres et vulnérables.
• Conflits et instabilité : Les conflits et l’instabilité politique perturbent la production et la distribution alimentaire, créent des déplacements de population et rendent l’aide humanitaire plus difficile à acheminer.

L’agriculture durable est la clé pour assurer la sécurité alimentaire à long terme. Elle se définit comme une agriculture qui répond aux besoins alimentaires et nutritionnels du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. L’agriculture durable repose sur des principes clés :

• • Protection de l’environnement : Réduction de l’utilisation des pesticides et engrais chimiques, préservation de la biodiversité, gestion durable de l’eau et des sols, réduction des émissions de gaz à effet de serre.
  • Viabilité économique : Rentabilité pour les agriculteurs, prix justes pour les produits agricoles, soutien aux petites exploitations familiales.
  • Équité sociale : Amélioration des conditions de travail des agriculteurs, accès à la terre et aux ressources pour tous, prise en compte des savoirs traditionnels.
  • Résilience : Capacité des systèmes agricoles à faire face aux chocs et aux crises (climatiques, économiques, sanitaires…).

2. Lutter contre la malnutrition et promouvoir une alimentation saine.

La faim n’est pas la seule forme de malnutrition. La malnutrition englobe un ensemble de conditions résultant de carences ou d’excès nutritionnels. Elle prend plusieurs formes :

• Sous-nutrition : Insuffisance d’apport calorique et/ou de nutriments essentiels. Elle se manifeste par le retard de croissance, l’émaciation, l’insuffisance pondérale et les carences en micronutriments (vitamines, minéraux). La sous-nutrition affaiblit le système immunitaire, augmente la vulnérabilité aux maladies et compromet le développement physique et intellectuel.
• Malnutrition ¹ chronique : Souffrance de la faim sur une longue période, entraînant un retard de croissance irréversible chez les enfants.  
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• Malnutrition aiguë : Forme sévère de sous-nutrition, caractérisée par une perte de poids rapide et importante, mettant la vie en danger.
• Carences en micronutriments (faim cachée) : Manque de vitamines et de minéraux essentiels (fer, iode, vitamine A, zinc, etc.), même en l’absence de faim visible. Ces carences ont des conséquences graves sur la santé, le développement et la productivité.
• Surpoids et obésité : Accumulation excessive de graisse corporelle, résultant d’un déséquilibre entre les calories consommées et les calories dépensées, souvent lié à une alimentation déséquilibrée et à un manque d’activité physique. L’obésité augmente le risque de maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers…).
• Maladies non transmissibles liées à l’alimentation (MNT) : Maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, certains cancers, etc.) liées à une alimentation déséquilibrée et à un manque d’activité physique.

Les enjeux de la malnutrition sont multiples :

• Santé publique : La malnutrition est un facteur majeur de mortalité infantile et maternelle, de morbidité et de handicaps. Elle affaiblit le système immunitaire, augmente le risque d’infections et de maladies non transmissibles.
• Développement humain : La malnutrition, en particulier chez les enfants, compromet le développement physique et intellectuel, limite le potentiel éducatif et professionnel, et perpétue le cycle de la pauvreté.
• Productivité économique : La malnutrition réduit la productivité au travail, augmente les dépenses de santé et freine le développement économique.
• Inégalités : La malnutrition touche de manière disproportionnée les populations les plus pauvres et vulnérables, creusant les inégalités sociales et sanitaires.

Promouvoir une alimentation saine est essentiel pour lutter contre toutes les formes de malnutrition. Cela implique :

• • Diversification alimentaire : Consommer une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, produits d’origine animale (avec modération) et pauvre en graisses saturées, sucres ajoutés et sel.
  • Promotion de l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de vie et de l’allaitement prolongé jusqu’à 2 ans et au-delà.
  • Éducation nutritionnelle : Informer et sensibiliser le public aux principes d’une alimentation saine et équilibrée, en particulier les enfants et les populations vulnérables.
  • Amélioration de l’accès à une alimentation saine et abordable : Rendre les aliments sains plus accessibles et abordables, en particulier pour les populations à faible revenu. Soutenir les circuits courts et les systèmes alimentaires locaux.
  • Réglementation et politiques publiques : Mettre en place des politiques publiques visant à améliorer la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire, à limiter la commercialisation d’aliments ultra-transformés et peu nutritifs, et à promouvoir l’activité physique.

Lutter contre la malnutrition et promouvoir une alimentation saine est un enjeu majeur de santé publique et un pilier essentiel de l’ODD 2.

3. Innover pour des systèmes alimentaires résilients et durables.

Face aux défis mondiaux, l’innovation est cruciale pour transformer nos systèmes alimentaires et les rendre plus résilients et durables. L’innovation peut prendre de nombreuses formes et concerner tous les aspects du système alimentaire, de la production à la consommation :

• • Innovations agricoles :

    • Agriculture de précision : Utilisation de technologies numériques (capteurs, drones, GPS, intelligence artificielle) pour optimiser l’utilisation des intrants (eau, engrais, pesticides) et améliorer les rendements agricoles de manière durable.
    • Agroécologie : Développement de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et de la biodiversité, basées sur les principes de l’agroforesterie, de la rotation des cultures, de la couverture des sols, de la lutte biologique contre les ravageurs, etc.
    • Amélioration des semences et des variétés : Développement de variétés de cultures plus résistantes au changement climatique, aux maladies et aux ravageurs, plus nutritives et plus adaptées aux conditions locales.
    • Élevage durable : Développement de pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal, réduisant l’impact environnemental (émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’eau) et améliorant l’efficacité de la production.
    • Agriculture urbaine et périurbaine : Développement de l’agriculture en ville et autour des villes pour rapprocher la production et la consommation, réduire les transports et créer des emplois locaux.

  • Innovations dans la transformation et la distribution alimentaire :

    • Technologies de conservation et de transformation : Développement de technologies innovantes pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaire à tous les stades de la chaîne alimentaire (récolte, stockage, transformation, distribution, consommation).
    • Logistique et chaînes d’approvisionnement durables : Optimisation des flux logistiques, développement de circuits courts, promotion des transports à faible impact environnemental.
    • Emballages durables : Développement d’emballages biodégradables, compostables ou réutilisables, réduction de l’utilisation des plastiques à usage unique.

  • Innovations sociales et comportementales :

    • Éducation et sensibilisation : Développement de programmes d’éducation nutritionnelle et de sensibilisation à la consommation durable pour encourager des comportements alimentaires plus sains et plus responsables.
    • Applications et plateformes numériques : Utilisation d’applications mobiles et de plateformes numériques pour informer les consommateurs, faciliter l’accès à des aliments sains et durables, mettre en relation producteurs et consommateurs, lutter contre le gaspillage alimentaire, etc.
    • Modèles économiques innovants : Développement de modèles économiques alternatifs favorisant une alimentation durable et équitable, comme les circuits courts, les coopératives agricoles, les systèmes participatifs de garantie, etc.

4. Exemples concrets et initiatives inspirantes.

De nombreuses initiatives innovantes et inspirantes sont mises en œuvre à travers le monde pour atteindre l’ODD 2. Voici quelques exemples :

• • L’agroécologie au Sénégal : Des projets de promotion de l’agroécologie au Sénégal ont permis d’améliorer la sécurité alimentaire des communautés rurales, de restaurer les sols dégradés, de préserver la biodiversité et d’augmenter les revenus des agriculteurs.
  • Les banques alimentaires : Les banques alimentaires récupèrent des invendus alimentaires auprès des supermarchés, des restaurants et des entreprises agroalimentaires pour les redistribuer aux personnes dans le besoin, luttant ainsi contre le gaspillage alimentaire et la faim. Le réseau des Banques Alimentaires en France est un exemple important.
  • Les jardins partagés et l’agriculture urbaine : Les jardins partagés et les projets d’agriculture urbaine permettent de produire des aliments frais et locaux en ville, de renforcer le lien social, de sensibiliser à l’alimentation durable et de verdir les espaces urbains.
  • Les applications de lutte contre le gaspillage alimentaire : Des applications mobiles comme « Too Good To Go » ou « Phenix » mettent en relation les commerçants ayant des invendus alimentaires avec des consommateurs qui peuvent les acheter à prix réduit, réduisant ainsi le gaspillage alimentaire.
  • Les politiques publiques de promotion de l’alimentation saine : De nombreux pays mettent en place des politiques publiques visant à promouvoir l’alimentation saine, comme la taxation des boissons sucrées, la réglementation de la publicité pour les aliments ultra-transformés, l’amélioration de l’offre alimentaire dans les cantines scolaires, les campagnes d’information nutritionnelle, etc.