Bienvenue au chapitre dédié à l’Objectif de Développement Durable numéro 1 : Pas de Pauvreté. Cet ODD, placé en tête de l’Agenda 2030, souligne l’urgence et la priorité absolue d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, partout dans le monde. Dans ce chapitre, nous allons plonger au cœur de ce défi immense, comprendre la complexité de la pauvreté, identifier les enjeux cruciaux et explorer les solutions et actions possibles pour construire un monde sans pauvreté.
Lorsque l’on parle de pauvreté, l’image qui vient souvent à l’esprit est celle du manque d’argent. C’est effectivement un aspect fondamental, mais la pauvreté est un phénomène bien plus complexe et multidimensionnel. Pour comprendre pleinement l’ODD 1, il est essentiel de saisir les différentes facettes de la pauvreté :
Pauvreté monétaire (ou pauvreté de revenu) : C’est la forme de pauvreté la plus couramment mesurée. Elle se définit par le manque de ressources financières suffisantes pour satisfaire les besoins essentiels, tels que l’alimentation, le logement, l’habillement. Elle est généralement mesurée à l’aide de seuils de pauvreté, comme le seuil international de pauvreté extrême fixé par la Banque Mondiale (vivre avec moins de 1,90 dollar par jour en 2011, ajusté pour la parité de pouvoir d’achat).
Pauvreté multidimensionnelle : Cette approche reconnaît que la pauvreté ne se limite pas au manque d’argent. Elle prend en compte une série de privations interdépendantes qui affectent le bien-être des individus. Ces privations peuvent concerner :
Il est crucial de comprendre la pauvreté sous toutes ses formes pour pouvoir agir efficacement. Une approche uniquement centrée sur la pauvreté monétaire risque de négliger d’autres dimensions essentielles et de ne pas adresser les causes profondes de la pauvreté.
L’extrême pauvreté est la forme de pauvreté la plus aiguë et la plus inacceptable. Elle se caractérise par une privation sévère des besoins humains fondamentaux, mettant en danger la survie et la dignité des personnes. Selon les estimations de la Banque Mondiale, en 2019, avant la pandémie de COVID-19, environ 648 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté, soit environ 8,4% de la population mondiale. La pandémie et les crises qui ont suivi ont malheureusement inversé des années de progrès dans la lutte contre la pauvreté, et des millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté.
Les enjeux de l’extrême pauvreté sont immenses :
Réduire les inégalités est donc essentiel pour éradiquer la pauvreté. Une croissance économique qui ne profite qu’à une minorité ne suffira pas à éliminer la pauvreté. Il est nécessaire de mettre en place des politiques et des actions qui favorisent une croissance inclusive, qui bénéficie à tous, en particulier aux plus pauvres et aux plus vulnérables.
Éradiquer la pauvreté est un défi immense, mais atteignable. De nombreuses solutions et actions existent et ont prouvé leur efficacité. Voici quelques pistes clés pour lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes :
Croissance économique inclusive et création d’emplois décents : Promouvoir une croissance économique qui génère des emplois de qualité pour tous, en particulier pour les populations pauvres et marginalisées. Soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), l’entrepreneuriat et l’économie sociale et solidaire. Investir dans la formation professionnelle et le développement des compétences. Lutter contre le travail informel et le travail précaire.
Protection sociale universelle : Mettre en place des systèmes de protection sociale qui garantissent un revenu minimum et un accès aux services essentiels (santé, éducation, logement, etc.) pour tous, en particulier pour les plus vulnérables (personnes âgées, personnes handicapées, enfants, chômeurs, etc.). Les transferts monétaires conditionnels ou inconditionnels, les allocations familiales, les pensions sociales, les assurances maladie et chômage sont des outils importants de protection sociale.
Accès universel aux services de base de qualité : Garantir l’accès universel et équitable à une éducation de qualité, à des soins de santé primaires, à l’eau potable et à l’assainissement, à l’énergie, au logement, à l’internet et aux infrastructures de base pour tous, en particulier pour les populations les plus pauvres et les plus éloignées. Investir dans l’infrastructure sociale et dans des services adaptés aux besoins des populations vulnérables.
Autonomisation des femmes et égalité des genres : L’égalité des genres est essentielle pour réduire la pauvreté. Il est crucial de donner aux femmes et aux filles les mêmes droits et les mêmes opportunités que les hommes et les garçons, en matière d’éducation, d’emploi, de propriété, de participation politique et de prise de décision. Lutter contre les violences basées sur le genre et les discriminations à l’égard des femmes.
Investissement dans l’agriculture durable et la sécurité alimentaire : Soutenir une agriculture durable et résiliente, capable de nourrir la population mondiale de manière durable et équitable. Améliorer la productivité agricole des petits exploitants, renforcer les systèmes alimentaires locaux, lutter contre le gaspillage alimentaire, garantir l’accès à une alimentation saine et nutritive pour tous, et réduire la malnutrition.
Actions ciblées pour les populations les plus vulnérables : Mettre en place des programmes spécifiques pour répondre aux besoins des groupes les plus vulnérables et marginalisés, tels que les populations autochtones, les personnes handicapées, les minorités ethniques, les réfugiés et les migrants, les personnes vivant dans des zones rurales isolées ou des zones urbaines défavorisées. Adapter les interventions aux contextes spécifiques et aux besoins des populations ciblées.
Renforcement de la gouvernance et de la lutte contre la corruption : Promouvoir une bonne gouvernance, transparente, responsable et participative, à tous les niveaux. Lutter contre la corruption, l’évasion fiscale et les flux financiers illicites, qui détournent des ressources qui pourraient être utilisées pour lutter contre la pauvreté. Renforcer l’état de droit, l’accès à la justice et la protection des droits humains.
Coopération internationale et partenariats mondiaux : La lutte contre la pauvreté est un défi mondial qui nécessite une coopération internationale renforcée. Les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), soutenir les pays en développement dans la mise en œuvre de leurs stratégies de réduction de la pauvreté, favoriser le commerce équitable, le transfert de technologies et le renforcement des capacités. Promouvoir des partenariats multi-acteurs impliquant les gouvernements, les organisations internationales, la société civile, le secteur privé et le monde académique.
De nombreuses initiatives à travers le monde démontrent qu’il est possible de faire reculer la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables. Voici quelques exemples concrets et initiatives inspirantes :
Le programme « Bolsa Família » au Brésil : Ce programme de transferts monétaires conditionnels a permis de réduire significativement la pauvreté et les inégalités au Brésil en donnant un revenu aux familles les plus pauvres, conditionné à la scolarisation des enfants et à la participation à des programmes de santé.
Le Mouvement ATD Quart Monde : Cette organisation internationale lutte contre la grande pauvreté en adoptant une approche basée sur la participation des personnes vivant dans la pauvreté. Elle mène des actions de terrain, de plaidoyer et de sensibilisation pour faire reconnaître la dignité et les droits des plus pauvres.
Les initiatives de microfinance : Des institutions de microfinance à travers le monde accordent des petits prêts à des personnes pauvres, en particulier des femmes, pour leur permettre de développer des activités génératrices de revenus et de sortir de la pauvreté. La Grameen Bank au Bangladesh, fondée par Muhammad Yunus (Prix Nobel de la Paix), est un exemple emblématique de microfinance.
Les programmes d’éducation et de formation professionnelle : De nombreux programmes visent à améliorer l’accès à une éducation de qualité et à une formation professionnelle pour les jeunes issus de milieux défavorisés, leur offrant ainsi de meilleures perspectives d’emploi et de mobilité sociale.
Les politiques de salaire minimum et de revenu de base : Certains pays ou régions expérimentent ou mettent en place des politiques de salaire minimum plus élevé ou de revenu de base universel, visant à garantir un revenu minimum pour tous et à réduire la pauvreté salariale.